La crise sanitaire et les mesures de confinement prises par les gouvernements à travers le monde pour y répondre ont durablement affecté l’activité des entreprises, qu’elle que soit leur taille et leur secteur d’activité. Contraintes de s’adapter dans la précipitation à une situation jusqu’alors inconnue, les organisations et leurs collaborateurs ont dû faire de leur mieux afin de trouver des solutions permettant une continuité d’activité – même partielle. Dans ce contexte exceptionnel, les responsables E&C se sont également interrogés : Comment accompagner de son mieux la transformation du travail induite par la crise ? Quelles tâches prioriser et comment assurer une vigilance continue sur les sujets E&C ? Qu’enseigne cette crise pour les fonctions E&C ? Tour d’horizon des réflexions au cœur de notre dernier atelier pratique.
Accompagner la transformation du travail
Hier, souvent réservée aux cadres et généralement limitée à quelques jours par mois, la pratique du télétravail s’est largement démocratisée et a été étendue à tous les collaborateurs pouvant y prétendre à la faveur de la crise. Ce changement soudain et forcé a demandé de nombreux efforts d’adaptation de la part des entreprises et de leurs collaborateurs – pas toujours prêts, capables ou équipés pour adopter cette pratique. Cette situation inédite a conduit un nombre exceptionnellement important de salariés, près de 44% selon une récente étude1 , à éprouver une certaine détresse psychologique.
Managers comme les autres, les responsables E&C ont dû, comme tout un chacun, trouver des réponses pour concilier vie professionnelle et vie personnelle, télétravail et garde d’enfant, encadrement des collaborateurs et nécessaire autonomie2. Mais de par leur responsabilité certains sont allés jusqu’à accompagner les fonctions RH dans la transformation du travail. Ainsi, certains responsables E&C ont par exemple pris part à la rédaction de mini-guides à destination des managers pour exposer les bonnes pratiques de la gestion d’équipe en télétravail :« Communiquer tous les jours avec ses équipes », « Communiquer avec chacun des membres de son équipe au moins une fois par semaine », etc. Des rappels qui peuvent sembler évidents mais qui restent utiles.
De même, pour les responsables E&C en charge de la protection des données personnelles, la nécessité de mettre en place des traitements de données médicales visant les collaborateurs afin de limiter la propagation du virus au sein de l’entreprise demande une attention et une vigilance renouvelée. Pour les y aider, la CNIL a communiqué un rappel des bonnes pratiques dans ce contexte3.
Prioriser les tâches essentielles
Au-delà des réactions imposées par la crise sanitaire, les responsables E&C ont également dû veiller à la bonne conduite de leurs missions coutumières et ce, malgré les contraintes dues notamment au mode de travail à distance. Comment continuer à former des collaborateurs à l’éthique alors que la plupart sont confinés chez eux ? Comment procéder aux enquêtes internes dans ce contexte ?
Là-encore il a fallu faire preuve d’inventivité et de pragmatisme. Ainsi si les formations longues, d’une journée ou plus, ont généralement dû être reportées sine die, celles qui le pouvaient ont été divisées en plus petits modules et transformées en webinar. Pour que ceux-ci soient plaisants à suivre et à animer il convient de ne pas dépasser la dizaine de participants et de limiter l’exercice à une heure et demie. En outre certaines solutions numériques permettent désormais de gamifier ce type d’intervention pour les rendre plus participatives et dynamiques.
Plus prioritaires, les enquêtes internes ont pu être stoppées dans les premiers jours suivants l’annonce des mesures de confinement. Le temps de mettre en place une procédure qui permette de s’assurer que l’on ne s’éloigne pas trop de la date de commission des éventuels faits délictueux tout en respectant le droit à des auditions de qualité pour les lanceurs d’alerte, les témoins comme les personnes visées par des allégations. Sauf temps contraint ou nécessité impérieuse, une bonne pratique semble, pour le moment, de soumettre les auditions virtuelles à un principe de volontariat et de libre consentement pour toutes les parties.
Enfin, certaines tâches comme le monitoring des tiers et des fournisseurs ne peuvent pas attendre. Notamment pour les entreprises qui ont vu une recrudescence d’activité ou l’arrivée de nouveaux fournisseurs inconnus en période habituelle, comme par exemple les sociétés de vente de masques…
Réfléchir aux chantiers de l’après-crise
Une fois les tâches essentielles assurées, il appartient également aux responsables E&C d’envisager dès à présent quels seront les chantiers prioritaires pour demain. Ainsi il apparaît clairement que le sujet de la protection de l’environnement sera bientôt au cœur des réflexions stratégiques des entreprises4 et qu’il appartient aux responsables E&C de porter leur voix sur ce sujet.
La crise ayant mené à une contraction brutale de l’activité pour la plupart des acteurs économiques, les réflexions ayant trait aux valeurs fondamentales de l’entreprise et plus encore, à leur raison d’être ont été ravivées et se sont présentées sous un jour nouveau. Comme le CEA l’affirmait déjà au début du mois d’avril5, le temps n’est-il pas désormais venu pour les responsables E&C de s’interroger « sur les véritables leviers qui président à l’activité de chaque entreprise, au-delà des impératifs de rentabilité financière » et de préparer leur entreprise « à adopter demain une raison d’être, voire à devenir une entreprise à mission comme la loi PACTE le permet déjà » ?
Conséquence directe de la crise sanitaire enfin, les risques liés au déploiement massif du télétravail doivent également être correctement identifiés et des réponses doivent d’ores et déjà être imaginées… Comment en effet se prémunir contre le risque de rupture d’égalité qui existe entre collaborateurs éligibles au télétravail et collaborateurs non-éligibles ? Comment prévenir la survenance de risques psycho-sociaux pour les collaborateurs astreints au télétravail ? Et comment s’assurer, dans ces conditions, de la persistance de la culture d’entreprise, nécessaire à la bonne diffusion de l’éthique ?
Si la crise sanitaire a pu ralentir l’activité de certains responsables E&C ces derniers temps, aucun doute que les prochaines semaines seront, quant à elles, chargées, à la vue de la diversité des sujets à traiter.